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Madagascar : l'aventure du Grand Sud

cliquer sur la « vignette photo » pour accéder à l'album photos correspondant. Bonne visite.
 
 

 
 

Madagascar, au-delà de mes rêves!

Si un voyage à Madagascar est souvent synonyme d’aventure, entreprendre la grande boucle du Sud  par la côte Est, est l’assurance d’un parcours  qui sera riche en rebondissements et en événements aussi imprévus qu’improbables, où tout est difficile mais où tout est possible… et toujours accompagné de sourires !

Ici, l’aventure est partout, à chaque instant, dans chaque rencontre, dans chaque déplacement… un pays d’où l’on revient forcément différent.

Je ne sais pas si « Mora, mora » est devenu ma façon d’être, mais j’ai été jusqu’au bout du rêve.

Madagascar se donne et ne se reprend pas !

 
 

Madagascar, l'aventure du Grand Sud

 

Après une courte nuit, pour cause d’arrivée tardive d’une part et de lenteur administrative pour récupérer le visa d’autre part, je suis aux taquets pour entreprendre mon deuxième long périple à Madagascar : la grande boucle du Sud, au départ d’Antananarivo.

Madagascar offre de très nombreuses facettes.  Chacune de ses régions est unique et présente rarement de grosses similitudes avec les autres. Ce qui fait de la 5ème plus grande île du monde une destination à la richesse naturelle exceptionnelle.

Tout d’abord, en suivant la RN7, je vais traverser les hauts plateaux, le pays des agriculteurs et des artisans, dominé par les rizières, les lacs, les collines et les montagnes.

Ensuite à bord de l’incroyable train reliant Fianarantsoa à Manakara, je vais quitter les Hautes Terres pour le littoral Est. La région des essences naturelles et des plantations d'épice, qui reste encore et toujours le domaine de la forêt tropicale humide ainsi que d'une végétation luxuriante malgré une forte dégradation de l'environnement.

Puis place à l’aventure, à bord d’un 4X4 Toyota qui seul pourra s’extirper d’une piste boueuse, je longe le littoral Est sur la mythique RN12 trop souvent oubliée des voyageurs. De Manakara jusqu'à Fort Dauphin, des lagons aux eaux turquoise aux réserves naturelles riches d’une flore et d’une faune exceptionnelles en passant par des terres secrètes, la traversée est rythmée par de nombreux passages de rivières en bac (d’où le surnom de la RN12 : Bac +10) et prend ainsi des allures d’expédition.

Arrivé dans le « Grand Sud », l'univers des épineux, des succulents et des dunes, je roule en direction de Tuléar sur des pistes de sable, à la rencontre des éleveurs de zébus, des plages paradisiaques, des villages de pêcheurs et de quelques marins échoués en cale sèche.

Retour vers la capitale par l’incontournable RN7 qui me réserve encore beaucoup de surprises : baobabs, formations géologiques uniques au monde, rizières en terrasses, chercheurs d’or, ..., et chercheurs d’électeurs !

Une publicité pour Madagascar disait : « nous n’avons pas de palace mais notre nature est cinq étoiles » … j’ai vérifié, c’est vrai ! Un circuit hors des sentiers battus où l'aventure et les imprévus ont rythmé le quotidien où la diversité des paysages traversés et la beauté des peuples rencontrés ont enrichi mon carnet de bord de photographe...

Bienvenue à Madagascar !

Météo Antananarivo © meteocity.com
 
 
 

RN7 - en route pour Fianarantsoa

 
 
Madagascar, l'aventure du Grand Sud  

En quittant la capitale malgache, Antananarivo, en empruntant la légendaire RN7, l'une des rares routes goudronnées mais pas forcément en bon état de Madagascar, en direction d'Antsirabe, le paysage change rapidement.

Collines et rizières font leur apparition, parsemées de hameaux aux maisons aux murs de briques rouges et aux toits de chaume.

C'est la région des Hautes Terres.

 
 

 

 
 

Les Merina, ou « ceux des hauteurs», un groupe ethnique indonésien, qui habitent cette région, sont d'excellents agriculteurs. Ils forment l'ethnie majoritaire du pays et leur langue est à la base de la langue malgache actuelle et officielle. Ils utilisent des méthodes traditionnelles pour cultiver leurs champs de riz dans les plaines qui entourent les villages.

À Madagascar, les Merina vivent de leurs rizières, qu’ils exploitent selon des techniques traditionnelles dans les plaines qui entourent les villages. Dans l’objectif de parvenir à l’autosuffisance, la culture du riz s’est étendue, et les rizières occupent désormais les deux tiers de la surface cultivée du pays.

  Madagascar, l'aventure du Grand Sud

 

 
     

Train Fianarantsoa Côte Est

 

Aujourd’hui, départ matinal pour une journée exceptionnelle à bord du Fianarantsoa-Côte Est - généralement appelé FCE - un chemin de fer colonial. Un voyage dans le voyage !

 
 

Madagascar, l'aventure du Grand Sud

 

Pour la seconde fois en quatre ans mais dans l’autre sens, je vais emprunter l’unique ligne de chemin de fer en activité à Madagascar. C’est avec 15 minutes de retard, à 7h15, quand tout est chargé, que la vieille locomotive tire péniblement ses wagons en direction de Manakara.

Un très beau mais un très long voyage surtout sur la fin du parcours, quand il fait nuit... quand même les locaux ne savent plus combien de gares il reste à desservir, alors les arrêts semblent interminables... pas de soucis mécanique, mais les chargements et déchargements à certaines gares prennent plus ou moins de temps en fonction du fret... la durée est donc imprévisible !

 
 

 

 
 

Ce jour-là, le train a mis 14h... pour rejoindre la côte Est, mais il peut mettre 22h parfois plus...

Construite par les Français de 1926 à 1936, les 163 kilomètres de voie ferrée traversent les paysages grandioses de la forêt pluviale de l’Est.

Les multiples arrêts du vieux train brinquebalant sont l’occasion d’échanges avec les habitants des villages Tanala. Le train les approvisionne et embarque des chargements de charbon de bois et la production locale de bananes et de litchis. Les villageois à l’humeur joyeuse se pressent pour proposer aux voyageurs beignets, écrevisses, poivre, épices, gâteaux de riz, etc…

  Madagascar, l'aventure du Grand Sud

 

 
 

À chaque départ, les vendeurs entourent encore les wagons ou parcourent les travées avant de sauter du train pendant que les passager qui se sont attardés sur le quai montent en marche.

 
 
Madagascar, l'aventure du Grand Sud  

Le train relie les 17 villages, parfois isolés de toute route ou piste, un peu comme une bouée de sauvetage entre eux et le monde extérieur. Plus qu’une ligne de chemin de fer, c’est une ligne de vie pour la population locale.

Le spectacle en cours de route est partout : gares perdues au milieu de la forêt,  villages isolés du reste du monde, bambouseraies, cascades, falaises escarpées, rivières, collines parsemées de bananiers et de ravenalas (arbres du voyageur, l’emblème de Madagascar).

Contrairement à ce qu’affirme un célèbre guide papier, il n’est pas obligatoire d'être assis à gauche dans le sens de la marche, on voit tout aussi bien à droite !

 
 

 

 
 

Et avec un petit bakchich on peut même monter à l’avant, sur la passerelle de la loco... à négocier gare par gare ! De toute façon, il est vivement conseillé de descendre à chaque arrêt !

Le train s’engouffre dans la grande forêt primitive, avance sur des flancs de rochers abrupts, descend le long de précipices, passe sous 48 tunnels, traverse une piste d’aérodrome, le tout à une vitesse entre 20 et 35 km/h, portes et fenêtres restent grandes ouvertes.

Une aventure à vivre intensément.

  Madagascar, l'aventure du Grand Sud

 

 
     

Manakara / Canal des Pangalanes

 

Aménagé et navigable depuis le début du XXe siècle, le canal des Pangalanes est une suite de lagunes, de rivières et de cours d'eau, reliés entre eux par le colonisateur, qui s'étirent sur près de 650 Kms parallèlement à l'océan Indien sur la côte orientale de Madagascar.

 
 

Madagascar, l'aventure du Grand Sud

 

La navigation maritime sur la côte Est de Madagascar était trop dangereuse, car soumise aux vents dominants. Cet ouvrage titanesque, de Tamatave à Farafangana, qui en fait le plus long canal au monde, couta la vie à des milliers de travailleurs.

Il avait pour finalité de faciliter l’acheminement des épices produites dans le sud-est de l'île vers le  port d'exportation de Tamatave.

Laissé par la suite un peu à l’abandon il fut partiellement réhabilité dans les années 80, et reste aujourd’hui navigable sur plus de 450 kms à l’exception d’un tronçon recouvert de jacinthes d’eau infranchissables.

 
 

Aujourd’hui, le canal des Pangalanes est devenu un attrait touristique majeur de la côte Est. C’est par excellence  le pays du « mora mora », ou tout n’est que lenteur, quiétude, et repos.

 
 

J’embarque à bord d’une pirogue traditionnelle motorisée par 4 puissants rameurs, dont 2 seront plus occupés à écoper, et accompagnés d'Herman, un guide local.

Dans un premier temps, nous visitons l'ancien port de Manakara, et ses installations démantelées ou abandonnées. Puis dans une ambiance luxuriante et bucolique, c’est la succession de paysages magnifiques, un spectacle permanent, insolite et inoubliable d'extraordinaires scènes de vie quotidienne: pirogues conduites par des enfants, radeaux transportant des marchandises et des passagers, femmes faisant la lessive, pêcheurs, petits villages le long des berges...

  Madagascar, l'aventure du Grand Sud

 

 
 

Après avoir acheté du poisson frais et du rhum arrangé pour déjeuner, nous nous arrêtons dans un petit village situé le long du canal, avec ses maisons toujours en « falafa » et en bois, typiquement Betsimisaraka (ceux qui ne se séparent pas). Ils forment le groupe le plus important de la côte Est de Madagascar.

 
 
Madagascar, l'aventure du Grand Sud  

Comme de nombreux comptoirs de commerce furent établis par des étrangers, les populations locales se mirent à cultiver poivre, vanille, café, girofle et fruits qu’ils destinèrent à l’exportation avec la présence du canal des Pangalanes sur leur terre.

Un voyage dans le temps car presque rien n'a changé depuis un siècle.

La ville de Manakara est encore récente, puisque son essor date de l'époque coloniale à l'achèvement du chemin de fer. En ces temps, donc, elle fut un centre économique actif.

Bref, une invitation au voyage à tous ceux qui sont épris d'authenticité et de découverte !

 
     

RN12 - direction Ampasy

 
 
Madagascar, l'aventure du Grand Sud  

Tandis que sur la plage, trois jeunes garçons Antemoro «ceux du littoral» prennent la pose. Ethnie originaire d'une immigration de navigateurs et de commerçants arabes venus chercher vivres et marchandises sur la côte Est de Madagascar, dès le VIIème siècle.

C'est le départ en milieu d’après-midi pour le Grand Sud, sur la RN12, un des itinéraires les plus fascinants et un des plus difficiles de Madagascar, avec pour objectif d’arriver à Ampasy (localité de Vangaindrano) avant la nuit.

La route qui longe la côte Est, en direction de l’extrême Sud du pays, de Manakara à Fort Dauphin, est très peu visitée par les voyageurs étrangers. Alors, il n’est pas rare de lire la surprise et un réel étonnement sur le visage des habitants de la région en me voyant.

Si sur la première étape, la Route Nationale est plus ou moins goudronnée, après c’est l’aventure.

 
 

 

 
 

Ensuite, ce sera de la boue, dix bacs qui fonctionnent ou pas (d’où son surnom « la route Bac +10 ») pour traverser des rivières, des ponts écroulés remplacés par deux planches… il faut bien viser, et quelques cours d’eau à passer à gué !

Un voyage extraordinaire de plusieurs jours dans les endroits les plus reculés de Madagascar où la population locale est souvent livrée à elle-même. Ni palace, ni restaurant étoilé le long du parcours. La vraie vie!

Nous longeons la partie orientale de Madagascar. En dépassant le village de Vohipeno, qui est la capitale des descendants d’Arabes à Madagascar, nous sommes au cœur de la culture Antemoro.

  Madagascar, l'aventure du Grand Sud

 

 
 

 

 
 
Madagascar, l'aventure du Grand Sud  

Cette ethnie a la réputation de posséder des pouvoirs hors du commun et leurs « ombiasy » sont censés détenir un savoir leur permettant à la fois de prédire l’avenir, de conseiller efficacement dans les affaires difficiles et d’être d’excellents guérisseurs. Spécialistes du rituel, ils seraient les meilleurs fournisseurs en toute prestation devant faire appel à l’au-delà.

Plus particulièrement le sous-groupe des Anakara est célèbre pour l’art de la divination et les précieux manuscrits arabico-malgaches appelés « Sorabe ». Ils renferment l’histoire des différents clans, mais aussi des prières et formules magiques permettant de guérir les maladies, conjurer le sort, ou communier avec les esprits.

 
 

Les « Katibo », gardiens des Livres Sacrés, veillent jalousement sur le secret de ces trésors mystico-culturels.

 
     

RN12 - Ampasy à Sandravinany

 

 

 
 

Madagascar, l'aventure du Grand Sud

 

Les élèves de 3ème du Collège d’Enseignement Général (CEG) d’Ampasy Vangaindrano sont à quelques jours de passer le BEPC. Une manière d’évacuer le stress !

M. Ralaingita, professeur de français, m'invite à entrer dans sa classe où il a organisé une séance de révisions pour les épreuves à venir.

Imaginez, vous entrez dans une salle de classe, et cinquante élèves se lèvent en même temps et à l’unisson : « bonjour monsieur », impressionnant !

 
 

 

 
 

Loin de l’agitation d’Antananarivo, Vangaindrano est un gros bourg tout droit sorti d’un western qui a su conserver son caractère et son charme paysan avec un marché très animé.

Véritable casse-tête ethnologique, le mystère du peuplement de Madagascar est encore aujourd’hui une véritable énigme. De nombreuses études génétiques, ethnographiques et archéologiques ont confirmé cette double ascendance afro-asiatique. Selon une étude britannique, le peuplement de Madagascar coïnciderait avec l'arrivée sur cette île d'une trentaine de femmes originaires de l'archipel indonésien voici environ 1.200 ans.

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Madagascar, l'aventure du Grand Sud  

La population malgache représente plus de 22 millions d’habitants répartis en 18 groupes ethniques principaux dont le territoire correspond à d’anciens royaumes.

Tous offrent une très grande richesse culturelle, chacun d'eux se caractérise par : la coiffure, l'habillement, le dialecte (variante linguistique de malgache), l'habitat, l'art, le folklore, la spécialité culinaire, la religion, toutefois les marqueurs communs tel que le riz, le zébu, le rapport aux ancêtres témoignent en faveur de groupes humains et homogènes.

Dans cette région, le village Antefasy, habrite la communauté Antaifasy, «ceux qui vivent dans les sables». La plupart d'entre eux sont pêcheurs et vivent en petits groupes, parfois ils construisent leurs maisons près de la plage.

 
 

Ils pratiquent encore et respectent la culture traditionnelle et honorent leurs ancêtres.

 
   
 
 
   
 

Suite du parcours sur la RN12,  journée particulièrement riche en émotion jusqu’à Sandravinany à travers un paysage de plaine désertique où l’accueil des villageois est toujours aussi chaleureux et enthousiaste.

Premiers gros passages sur cette piste qui peut être difficile selon la météo. La route, qui passe au milieu d’une végétation luxuriante, nous réserve quelques surprises...  On est bien sur la RN 12 … et c’est hallucinant ! Une piste de latérite ravinée par quelques saisons des pluies.

Après une portion de piste en terre avec quelques passages délicats, nous voilà face au fleuve, prêt à prendre le bac de Masianaka, premier des dix bacs du trajet.

  Madagascar, l'aventure du Grand Sud

 

 
 

 

 
 
Madagascar, l'aventure du Grand Sud  

Une jeune fille énigmatique pose au bord de l'eau, peut-être la sorobazazavavindrano, la « fille des eaux », ou sirène, considérée comme le lien entre le naturel et le surnaturel, entre les hommes et l’au-delà. Une princesse Antesaka, « ceux qui viennent des Sakalava », au bord du fleuve.

Tous les quatre ans, une vaste fête honore les origines du peuple Masianaka, descendant des amours tumultueuses entre un pêcheur et une sirène qui, selon la légende, serait toujours en vie, réfugiée sous un rocher isolé du fleuve.

De l'autre côté du fleuve, une scène surréaliste de calme : deux jeunes filles prennent le thé avec un sérieux et une gestuelle digne de « ladies », alors que dans les ruelles du village de Masianaka le marché bas son plein en ce début d’après-midi

 
 

 

 
 

Un côté « les routes de l’impossible » avec ce camion bien embourbé qui nous bloque le passage. Un essaim de personnes portées de bonne volonté s’affairent  autour et sous le véhicule, les uns tirent ou poussent et les autres enlèvent la boue collée aux pneus et au châssis…  moteur pétaradant et roues qui patinent… au détriment de toute sécurité.

Et puis des villageois venus en renfort armés de pelles, négocient leur aide et remblaient une partie de la piste, ce qui nous permet de poursuivre notre route en échange d’une poignée d’ariary.

De bons souvenirs au final mais qui, vécus sur l’instant, ont apporté leur dose d’adrénaline.

  Madagascar, l'aventure du Grand Sud

 

 
 

Au coucher du soleil, la traversée en bac de la rivière Manambondro est un pure moment de bonheur esthétique.

 
     

RN12 - Sandravinany à Manampanihy

 

 

Madagascar, l'aventure du Grand Sud

 

Aux premières lueurs du jour, le spectacle est saisissant depuis la terrasse de mon bungalow rustique.

À mi-chemin entre Manakara et Fort-Dauphin, l’éco-lodge « Le Relais du Sud-Est », est particulièrement bien situé en surplomb de la rivière avec au-delà l’océan Indien.

Difficile d’imaginer le paysage enchanteur qui nous attend quand on arrive de nuit dans ce coin perdu en pleine brousse et à l’écart de la piste.

 
 

 

 
 

À l’entrée du village de Sandravinany, des villageois font une pause dans la réfection du toit de leur habitation en feuilles de palmier, pour une séance photo improvisée, authentique et généreuse.

Ensuite la journée s’annonçait tranquille ! Après la visite du village, nous prenons la route jusqu’au bac de Befasy. Ensuite la piste, plutôt en bonne état,  nous conduit jusqu’au bac de Maroroy…  et là, c’est le drame ! Des personnes s’activent, le bac est en réparation et impossible de traverser.

  Madagascar, l'aventure du Grand Sud

 

 
 

Pourtant, en fin d’après-midi, alors que la nuit commence à tomber et que les ouvriers interrompent leur travail, l’équipe du bac accepte de nous faire passer… en le tirant le long d’une corde, le moteur est en panne! L’aventure commence car nous avons encore un peu de route à faire et un autre bac à prendre…

 
 
Madagascar, l'aventure du Grand Sud  

Mais pendant ce temps et alors que nous sommes coincés à Maroroy pour une durée indéterminée, une jeune fille Antandroy « ceux des épines » qui tient une gargote de brousse, nous accueille pour un repas à base de poisson séché et de riz servi avec l’eau de cuisson. Elle ne parle pas un mot de français mais il y a des compagnies plus désagréables !

Plusieurs générations nous contemplent quand la doyenne du village, qui a 102 ans, nous fait l'honneur de venir à notre rencontre.

 
 

À Manampanihy, il faudra d’abord récupérer les bateliers avant qu’ils n’aient fini la tournée des bars… le bac ayant coulé quelques jours auparavant, c’est sur une embarcation de fortune que nous traversons la rivière, éclairé à la lampe torche et guidé par un fil tendu à la surface de l’eau en guise de repère. L’aventure c’est l’aventure !

 
     

RN12 - Manampanihy à Fort Dauphin

 

 

 
 

Madagascar, l'aventure du Grand Sud

 

Sous la pluie et au milieu d’un paysage grandiose, les derniers kilomètres de la RN12 qui nous conduisent à Fort-Dauphin nous réservent encore quelques surprises : forçats des travaux d’une route sans cesse à reconstruire, ponts écroulés, cours d’eau et radiers transformés en rivières avec la pluie et quelques scènes de pillage ordinaire.

Le bois de rose, outre l’étrange couleur et la senteur florale qui lui donnent son nom, possède une texture d’une pureté et d’une densité qui en font l’un des bois précieux les plus convoités pour la fabrication de meubles traditionnels de luxe en Chine, où les rêves des nouveaux riches n’ont pas de prix.

 
 

Cent euros pour un rondin de deux mètres et de 120 kg en moyenne. Une fortune dans ce pays de misère.

 
 

Seulement à Madagascar, la coupe, le transport, et l’exportation de ce bois sont interdits par la loi depuis 2010. Il existe même un embargo international sur le bois de rose malgache depuis que la ruée incontrôlée a causé d’importants dégâts dans les forêts. Mais, malgré ces interdictions, le trafic continu,  du nord au sud du pays, c’est toute une économie mafieuse qui s’est imposée et les millionnaires du bois de rose circulent librement dans les couloirs des institutions.

Les derniers bacs ne sont pas motorisés, ce qui engendre une sorte de compétition entre les passeurs, sans doute pour inciter un pourboire un peu plus conséquent qu’ils ont de toute façon bien mérité.

Les villages sont accueillants, les gens encore authentiques et il est possible de quitter la piste principale pour découvrir des endroits reculés ou la main de l’homme n’a encore jamais mis le pied !

Entre Manambato et Labokoho, dans un village de brousse un peu à l’écart de la piste, une jeune fille drapée dans un châle coloré apparaît telle une princesse sortie de nulle part.

  Madagascar, l'aventure du Grand Sud

 

 
 

 

 
 
Madagascar, l'aventure du Grand Sud  

Les Antandroy « ceux des épines » peuplent la région la plus sèche, donc la plus pauvre de Madagascar. Dotés d’un caractère dur forgé par une terre rude, ils sont actuellement les descendants de valeureux guerriers et leur courage demeure légendaire.

Éleveurs de zébus, semi-nomades, ils perpétuent une culture pastorale austère, ils cultivent mais et manioc, à la recherche de point d’eau et de nouveaux pâturages pour leurs troupeaux, ils ne se séparent jamais de leur sagaie.

 
     

Fort Dauphin

 

À l’arrivée, les plages de Fort-Dauphin, sont comme une récompense de la poussière accumulée en chemin. La douceur et le charme de cette ville du bout du monde ne peuvent pourtant pas me faire oublier les moments forts que je viens de vivre.

 
 

Madagascar, l'aventure du Grand Sud

 

Fort-Dauphin est situé dans un emplacement magnifique, avec des occasions de randonnées et quelques vues panoramiques stupéfiantes de la campagne adjacente.

Le Pic Saint Louis, cette éminence grise d’accès aisé, domine de ses 529 mètres un panorama peut-être parmi les plus spectaculaires de Madagascar.

Isolée du reste du pays par les montagnes de l’Anosy, Fort-Dauphin, la ville du Grand Sud, offre des paysages luxuriants, subtropicaux, quelques lambeaux de forêts épineuses, de belles baies et des plages sablonneuses.

 
 

Généralement connu comme Taolanaro ou « La Place de rêves », Fort-Dauphin mérite vraiment son titre. Cette zone éloignée a probablement le climat le plus ensoleillé et le moins humide sur la côte éprouvant actuellement de profonds changements économiques.

 
 

Ville historique, Fort-Dauphin a été baptisée en l’honneur du futur Louis XIV. C’est d’ici aussi qu’est parti le tout premier peuplement de l’Île de la Réunion en 1674.

Rançon de son isolement, cette ville est repliée sur elle-même au point de constituer un véritable monde à part.

Le contraste entre riches et pauvres à Fort-Dauphin est flagrant et la beauté des lieux ne doit pas faire oublier qu’une majorité de la population vit dans des conditions très vulnérables et ne sont pas dotés du minimum de confort répondant aux besoins vitaux des habitants.

  Madagascar, l'aventure du Grand Sud

 

 
 

L’extraction récente de l'ilménite a nécessité la construction d'infrastructures dont les chantiers ont créé des emplois, pour un temps seulement et les paysans expropriés ont été très peu indemnisés. Aujourd'hui, l'activité de la mine menace la flore et l'artisanat.

 
   
 
 
   
 
Madagascar, l'aventure du Grand Sud  

Située à sept kilomètres de Fort-Dauphin, la réserve privée de Nahampoana est d’abord visitée pour ses populations de lémuriens endémiques.

Le parc abrite également toute une flore typique du Sud, rappelant qu’il fut d’abord et pendant très longtemps un jardin botanique. Tout commence vers 1880 quand un négociant franco-anglais de l’île Maurice, un dénommé Marshall, obtient de la Reine une concession pour abriter ici ses « curiosités » botaniques.

Vanilliers, girofliers, poivriers, canneliers, caoutchoucs, le parc se transforme rapidement en jardin d’essai et d’acclimatation, appelé à recevoir toutes les nouvelles espèces de plantes que l’on souhaite introduire à Madagascar.

C’est toute la biodiversité malgache qui se partage ces 50 hectares de nature préservée.

La tortue étoilée de Madagascar est endémique du sud l’Île rouge.

 
     
 

Les Maki Catta caractérisés par leur longue queue annelée aux 14 anneaux noirs et blancs.

L'île de Madagascar est le seul endroit au monde où l'on puisse trouver à l'état sauvage le fascinant Maki Catta, à l'allure féline, catta signifiant chat !

Les Maki Catta sont généralement peu farouches et se prêtent volontiers à toutes sortes de facéties pour attirer l’attention du visiteur  en espérant glaner un peu de nourriture.

  Madagascar, l'aventure du Grand Sud

 

 
 

 

 
 
Madagascar, l'aventure du Grand Sud  

Caractéristique des grands propithèques que sont les Sifakas de Verreaux, le pelage, épais et long, est entièrement blanc, à l'exception d'une « couronne » de poils brun foncé sur le sommet du crâne.

Le terme malgache « sifaka » dérive d'un comportement particulier de l'animal face au danger dans lequel il émet un sifflement retentissant, dont la sonorité évoque les deux syllabes « chi-faak ».

 
     
 
La sympathique tête, du lémur à collier roux, permet de différencier le mâle (noire) de la femelle (grise).   Madagascar, l'aventure du Grand Sud

 

 
     
 
Madagascar, l'aventure du Grand Sud  

L’hapalémur doré, ou lémur bambou doré, est une espèce de lémurien qui n'a été découverte qu'en 1987. Elle est endémique de Madagascar où elle vit dans les forêts humides avec bambous.

Menacée par la perte continue de son habitat forestier, de la chasse pour la nourriture et du commerce des animaux, l’espèce bénéficie de nombreux programmes de préservation.

 
     

RN13 - Fort Dauphin à Berenty

 

 

 
 
Madagascar, l'aventure du Grand Sud  

Départ pour la réserve privée de Berenty, la route déroule son bitume en très mauvais état au milieu de paysages magnifiques.

La RN13 a été pavée dans les années 1950, mais n’a jamais été entretenue depuis.

Aujourd’hui, des reliquats d’asphalte ne se retrouvent que sur certaines sections qui sont tellement endommagées que nous circulons sur le bas-côté, un peu à gauche, puis un peu à droite.

On « tangue » donc à une vitesse d'environ 20 km à l'heure quand on n’est pas stoppé par les troupeaux de zébus.

 
 

Située sur la RN13, Amboasary est à la fois un important  carrefour routier, d’où la présence des nombreux taxis brousse,  et le centre économique de la région, dominé par les plantations de sisal qui, transformé en fibres est destiné à l'exportation.

 
 

Ce gros bourg rural du sud est malheureusement un lieu où les « dahalo » (voleurs de  zébus) sévissent à intervalles réguliers et il vaut mieux ne pas y séjourner.

La ville et le marché sont très animés. Malgré les difficultés économiques et sécuritaires, de passage ou sédentaires, les personnes rencontrées sont sympathiques et accueillantes mais on sent dans leur regard toute la détresse d’un peuple à l’abandon.

Malgré tout, les gens arborent une joie de vivre communicative. C’est l’occasion de faire quelques portraits.

  Madagascar, l'aventure du Grand Sud

 

 
 

 

 
 
Madagascar, l'aventure du Grand Sud  

Un jeune garçon qui travaille dans une « hotely », une gargote au bord de la nationale. Un autre qui aide ses parents à la fabrication et la vente de charbon de bois. Puis, une rencontre étonnante sur le marché, une jeune fille habillée en corsaire.

Et comme tous les enfants du monde, les jeunes malgache aiment les sucreries, et dans ce Madagascar rural la canne à sucre est comme un bonbon.

Les enfants sont nombreux sur le marché, à courir dans les allées, à mendier un peu parfois, à aider qui voudra bien, en espérant juste en retour manger quelque chose. Un environnement assez miséreux dont on ne ressort pas totalement indemne.

 
     

Réserve privée de Berenty

 

Fondée en 1936 par la famille de Heaulme, Berenty est une réserve privée d’une superficie de 240 ha, délimitée par le fleuve Mandrare.

 
 

Madagascar, l'aventure du Grand Sud

 

Elle offre aux visiteurs une multitude de circuits au milieu d’une forêt peuplée de plantes et d’animaux endémiques et fait l’objet de nombreuses recherches scientifiques, notamment sur les lémuriens. En collaborant avec la tribu Antandroy, la famille de Heaulme a planté une forêt de sisal sur un bras mort de la rivière, ajoutant une petite touche d’exotisme à la forêt primaire colonisant le parc.

Baignant dans un climat semi-aride, les deux forêts, appelées Bealoka, s’étendent sur une superficie de 100 hectares abritant une incroyable biodiversité végétale. Si les tamariniers (Tamarindus Indica) prospèrent sur les rives du Mandrare, les forêts de broussailles se sont octroyées la partie ouest du parc.

 
 

 

 
 

Si l’on peut évoluer au milieu d’une multitude d’espèces endémiques que l’on ne trouve nulle part ailleurs, comme la plante carnivore Népenthe, c’est au cœur de la forêt épineuse que l’on peut observer le célèbre baobab Adansonia Za, arbre emblématique de Madagascar, et d’autres espèces comme l’Alluaudia Procera, une plante très prisée par les lémuriens, semblable à un cactus doté d’un tronc pouvant atteindre 20 m de haut.

Quatre familles de lémuriens se partagent ce petit territoire protégé, dont le célèbre Sifaka (Propithecus Verreauxi), le Maki (Lemur Catta), ou encore le Sonygika (Lepilemur Leucopus) et le Tsidy (Lemur Fluvus Furus) cohabitent harmonieusement au milieu des Euphorbiacées, Didiereaceae et Aloès composant la forêt épineuse de Berenty.

Une grande variété d’oiseaux (dont le Héron de Humblot, le Coua géant, ou encore le faucon de Harrier), de reptiles (tortues, caméléons…), d’amphibiens, de papillons, et de chauve-souris (comme la roussette) s’épanouissent au milieu des fourrés et sous les grands arbres, à l’abri du soleil écrasant qui caractérise le sud de la Grande île.

  Madagascar, l'aventure du Grand Sud

 

 
     
 
Madagascar, l'aventure du Grand Sud  

Cet animal nocturne, est un Lépilémur à pattes blanches. C’est le plus petit des Lépilémurs qui a une longueur corps et tête de 18 à 21 centimètres et une longueur de la queue de 23 à 25 cm pour un poids autour de 0,5 à 0,6 kg.

Comme il dort le jour dans des cavités d'arbres ou dans la végétation luxuriante, on ne peut l’observer qu’à la nuit tombé, équipé d’une lampe frontale, ou d’une torche, et d’un bon guide !

 
     
 

Les Microcèbes sont les plus petits lémuriens connus. Ils sont nocturnes et endémiques de la grande île de Madagascar. Corps et tête mesurent 12 cm et la queue 15 cm pour un poids maximum 90 grammes.

Leurs gros yeux possèdent une rétine hypersensible et leur ouïe est excellente. Ils chassent généralement seuls la nuit et se nourrissent d'insectes, de fruits, de miel et de nectar qu'ils trouvent dans les arbres ou au sol. Durant la journée, ils dorment dans des arbres creux ou des nids de feuilles.

  Madagascar, l'aventure du Grand Sud

 

 
 

 

 
 
Madagascar, l'aventure du Grand Sud  

Outre la position caractéristique pendant leur « bain de soleil », les Makis Cattas sont connus pour leur longue queue annelée, servant de balancier lorsqu’ils se déplacent dans les arbres avec agilité.

C’est la seule espèce de lémuriens à être partiellement terrestre, les autres espèces vivant majoritairement dans les arbres. Fait particulier, ils vivent en grands groupes, dominés par les femelles ! Dès la naissance, l’unique petit grimpe sur le dos de sa mère, s’accrochant à sa fourrure.

 
     
 

Les grands Propithèques ou Sifakas sont célèbres pour les sauts qu'ils effectuent au sol lorsqu'ils doivent traverser des étendues déboisées d’où leur surnom de « lémuriens danseurs ».

Et quand ils sont sur les arbres, ils font de grands bonds entre deux troncs ou deux branches. Excellent acrobate, ce lémurien sauteur peut faire des bonds de 10 m en utilisant uniquement ses pattes arrière. Les Sifakas ont la particularité de se mouvoir dans les arbres épineux de la forêt sèche.

Ils vivent en petits groupes de 2 à 14 individus sur un territoire de 2 à 35 ha sous l’autorité d’une chef de groupe, la femelle dominante. Annuellement un petit (quelques fois deux) naît en juin - juillet après une gestation de 5 mois, le nouveau-né s'accroche sur le ventre de sa mère pendant 3 à 4 semaines et ensuite sur son dos.

  Madagascar, l'aventure du Grand Sud

 

 
 

Tous les lémuriens sont menacés par la destruction des forêts, la chasse et le trafic animal.

 
     

RN10 + pistes diverses - Berenty à Cap Sainte-Marie

 

 

 
 
Madagascar, l'aventure du Grand Sud  

Retour sur la route du Sud profond de Madagascar, le pays des bush-épineux, des chèvres, des zébus, mais aussi de la sécheresse.

Dans cette région le problème du manque d'eau est très important, les habitants doivent aller chercher l'eau douce à plusieurs kilomètres à la ronde et la transporter dans de gros bidons en charrette à zébus.

 
     
 

Marché de brousse dans une petite ville rurale typique du Sud, outre la vente de zébus, de nombreux artisans venus de toute la région de l’Androy proposent leurs produits : sagaies, tissus ou « lamba », chapeaux, ustensiles de cuisine, bijoux… des vendeurs d’amulettes sensées protéger ou porter chance ! Et comme dans beaucoup de région, le chapeau fait partie intégrante de la tenue vestimentaire des hommes et des femmes.

Dans tout le Sud de Madagascar, l’élevage bovin tient ici une grande place dans la culture de nombreuses ethnies. On peut toutefois également y voir des plantations de sisal, d’arachides, de manioc, de sorgho et de haricots.

  Madagascar, l'aventure du Grand Sud

 

 
 

 

 
 
Madagascar, l'aventure du Grand Sud  

Arrivée presque au terme d’une journée ordinaire sur une des pistes les plus « rock'n'roll » de Madagascar. La RN 13 alterne entre sable et latérite en une longue ligne orange et or qui file dans le vert pâle du bush hésitant  entre « tôle ondulée » et « escaliers », où des bandits sévissent aussi, gare !

Tsihombe apparaît comme un havre de paix temporaire. Ordonné, autour d'une petite place entourée de nombreux bars, gargotes et hôtels au confort sommaire, cette ville fait office de gare routière pour taxis-brousse et autobus.

 
 

 
 

Les célèbres petites hotelys malgaches, installées autour de la place ou sur le bord de la route, où l’on vous sert avec une rapidité déconcertante la traditionnelle et énorme assiette de riz accompagnée d’un tout petit morceau de poulet ou de zébu et l'eau qui a servi à la cuisson du riz pour boisson.

A la sortie de Tsiombe, la vue depuis le pont de Manambovo est extraordinaire. Si le fleuve est très impressionnant à la saison des pluies, lorsque les eaux se transforment en un tumultueux torrent rouge.

À la saison sèche, c'est une large étendue sablonneuse parsemée de petits cratères remplis d’eau où les villageoises viennent prendre leur bain ou laver le linge.

  Madagascar, l'aventure du Grand Sud

 

 
 

 

 
 
Madagascar, l'aventure du Grand Sud  

La piste latéritique et sablonneuse que l'on sillonne est jalonnée de magnifiques et imposants tombeaux, ornés de peintures à l'effigie des défunts, de pierres levées et d'aloalo, sculptures en bois funéraires.

Plusieurs mois s’écoulent entre le décès et l’inhumation du défunt et des cérémonies avec sacrifice de zébus ont lieu dans l’intervalle.

Les tombeaux Antandroy sont constitués d’un « valavato » ou amas de pierres de forme parallélépipédique, dont les dimensions peuvent atteindre 20 mètres de côté et 1,50 mètre de haut pour les tombeaux royaux. Ils sont couverts de fresques et de motifs géométriques sur fond blanc.

 
 

Un édifice central abrite le cercueil formé de deux demi-troncs d’arbres évidés. Sur le dessus trône des « bucrânes », c'est à dire des têtes de zébus décharnées avec cornes employées comme décoration architecturale et aux côtés opposés du « Valavato », deux pierres levées : Vatolahy (pierre mâle) et Vatovavy (pierre femelle).

 
     

Cap Sainte-Marie

   
 

Battu par les vents et signalé par un phare fonctionnel, Tanjona Vohimena dit Cap Sainte-Marie, où dans un décor spectaculaire, d'immenses falaises plongent dans l'océan marquant la pointe sud de l’île, a été érigé en « réserve spécial ».

Du sommet du phare qui domine l'horizon tumultueux des vagues, on peut voir la ligne de partage des eaux entre l'océan Indien et le canal du Mozambique. Cette mer balayée par un vent violent permanent et qui n’aura plus d’autre rivage que les Terres Australes et le Pôle Sud. Le spectacle de la migration des baleines à bosses de juin à octobre y est féérique.

  Madagascar, l'aventure du Grand Sud

 

 
 

La pureté de l'atmosphère se traduit dans le Grand Sud par les nuits étoilées certainement les plus belles que l'on puisse admirer.

 
 
 
 

Après une nuit passée dans les locaux des gardes de la réserve (merci au responsable qui a tenu à me laisser sa chambre) et un petit déjeuner avec l'équipe, il est temps de rejoindre à la pointe de l'extrême sud de Madagascar.

 
 
Madagascar, l'aventure du Grand Sud  

La réserve spéciale de Tanjona Vohimena abrite la fameuse Geochelone radiata ou tortue radiée, appelée sokatra en malgache, véritable étendard du Cap Sainte-Marie : on n’en compte pas moins de 3 000 au km2 !

C’est un élément clé pour la survie de la flore locale. En se nourrissant de plantes, elle ajoute des éléments nutritifs essentiels aux sols stériles et favorise la germination des graines.

Malheureusement elle devient un élément de plus en plus rare de l'écosystème à cause du braconnage.

 
 

C'est ici que l'on a retrouvé des restes de l'oiseau éléphant, un oiseau mythique qui aurait vécu dans le Sud de Madagascar il y a 700 ans et aurait été exterminé par l'homme. D'une hauteur de 3 mètres et dont l’œuf pouvant contenir jusqu'à 8 litres de volume.

 
 

Un jeune pêcheur de crustacés prend tous les risques pour ramener de quoi nourrir sa famille. La baignade est déconseillée en ce lieu magnifique : les plages qui s'étendent le long des hautes falaises donnent directement dans l'océan peuplé de requins.

Une image étonnante s'offre à moi : un imposant troupeau de zébus traverse la plage déserte. Madagascar compte presque autant de zébus que d’habitants. Ils sont synonymes de richesse et il n’est pas rare de croiser d’immenses troupeaux dans les régions Sud et Ouest de l’île.

Pour certaines ethnies, comme les Bara, voler un zébu est signe de courage et de force.

  Madagascar, l'aventure du Grand Sud

 

 
 

Les pays mahafaly et antandroy, subdésertiques, sablonneux, pauvres en eau et parsemés d'épineux, sont pourtant le royaume du bétail et abritent les plus grands troupeaux de Madagascar.

 
     

RN10 + pistes diverses - Cap Sainte-Marie à Lavanono

 

 

 
 
Madagascar, l'aventure du Grand Sud  

Lavanono fut une des révélations de mon aventure, un site exceptionnel caché au bout du monde, un petit village niché au pied d’un plateau aride où vit une petite communauté de pêcheurs…

C’est avec une voiture blanche de poussière que nous arrivons en vue des deux longues falaises qui s'avancent sur la dune et le village de pêcheurs de Lavanono, les « longs seins »... La vue est superbe, mais nous ne sommes pas encore arrivés en bas... et la descente est assez raide ! Il faut emprunter un chemin plutôt escarpé à flanc de falaise, en roulant sur deux rails de béton.

 
 

Arrivée « Chez Evelyne » une malgache très sympa et très bonne cuisinière. C'est accueillant, propre et pas cher. Avec ses bungalows du type « pieds dans l'eau », sur la plage déserte, la vue est magnifique, la mer est délicieuse et au loin des rouleaux... comme pour rappeler que nous sommes dans un des meilleurs spots de surf de Madagascar. Et ce soir, je m'endormirai au son des vagues...

 
 

Ici, la douche se fait dans une bassine avec des bouteilles d'eau peintes en noir et chauffées au soleil, eau récupérée pour arroser les plantes du jardin...

Lavanono, ce village de pêcheurs Vezo, qui se situe le plus au Sud de Madagascar, pas loin du Cap Sainte Marie, une région au climat sec à longueur d'année, une région où l'eau est un problème crucial. Un village accueillant et authentique, vivant hors du temps, au rythme de la brousse. Les coutumes y sont très respectées, les Antandroy vivent dans un système complexe de « fady » (interdits) auquel vient se mêler une part de mystique.

  Madagascar, l'aventure du Grand Sud

 

 
 

Un village qui a longtemps été accessible que par la mer. Cela en fait une région encore très peu fréquentée des touristes et même du reste de la population malgache. Un endroit tout simplement légendaire ou la vie s’organise sur la plage.

 
 
Madagascar, l'aventure du Grand Sud  

En fin d'après-midi c'est l'effervescence avec le retour des pêcheurs... chaque jour, des dizaines de pirogues partent en mer.

Les embarcations, « lakam-bezo », pirogue monoxyle à un seul balancier, côté droit, propulsée par une voile carrée. Les poissons sont vendus frais auprès des mareyeuses ou salés et séchés puis exportés.

Tous le monde part en mer ou presque, comme Laike et sa femme, un des rares habitants de Lavanono à ne pas être pêcheur mais qui travaille à la préparation des poissons pour l’exportation dans une petite société en dehors de la ville. Durant son temps libre, il surf !

 
 

365 jours de soleil, une population profondément traditionnelle, une culture vivante, une faune et une flore exceptionnelles, des dunes infinies, un bush de cactus et d’épineux unique au monde, une côte sauvage, une mer indomptable aux vagues déferlantes et houleuses…

 
     

Pistes diverses - Lavanono à Itampolo

 

 

 
 
Madagascar, l'aventure du Grand Sud  

Comme il y a deux jours que nous n’avons plus de roues de secours, nous faisons un arrêt à Beloha pour une réparation du pneu crevé « à la malgache » !

Une réparation qui tiendra sur les pistes de sable mais qui lâchera dès que nous rejoindrons l’asphalte.

Surtout connu en tant que ville-étape avec ses étals de marché, ses rues envahies par les sables et sa gare de taxis-brousse.

 
 

 

 
 

Ici, la sécheresse, qui est le drame de l’Androy, se fait fortement sentir ; sur les étals du marché, les paysannes ne proposent que quelques patates douces, des figues de Barbarie et des bananes minuscules.

L’église, avec son imposant édifice et ses deux tours majestueuses, contraste de faste au milieu des maisons traditionnelles Antandroy et des rues ensablées bordées de haies en bois de récupération et de cactus.

  Madagascar, l'aventure du Grand Sud

 

 
 

 

 
 
Madagascar, l'aventure du Grand Sud  

À l’écart de la piste côtière, le village reçoit peu de visites touristiques, alors un étranger qui déambule dans les rues avec ses appareils photos, c’est un petit événement !

Un individu, un « peu dérangé mais pas méchant selon les passants »,  s’est attaché les pieds avec des bracelets de métal soudés, sa jambe droite de la même manière reliée à un vilebrequin de camion… impossible de comprendre son geste !

 
 

 

 
 

Nombreuses sont les femmes qui portent le masque de beauté, à base de bois de santal, à qui elles attribuent de nombreuses vertus.

Il protège la peau des femmes du soleil et des insectes lorsqu’elles travaillent aux champs,  purifie les peaux acnéiques, élimine les boutons, unifie le teint, réduit les tâches sur le visage et les rides.

  Madagascar, l'aventure du Grand Sud

 

 
     
 
Madagascar, l'aventure du Grand Sud  

Traversée à gué du large lit de la Manarandra, puis nous poursuivons notre route sur une mauvaise piste caillouteuse bordée de cactées.

La piste est tellement étroite par endroit, que le 4 X 4 semble se frayer un chemin au milieu des cactus qui griffent et cognent contre les portes et les vitres, le tout engloutit dans un nuage de poussière de sable.

Juste avant de traverser le lit asséché de la Linta, nous faisons une rencontre improbable et peu ordinaire que seul Madagascar réserve à ses invités...

 
 

 
 

Avec leur charrette tirée par deux zébus, Sonia et Alexandre Poussin et leurs deux enfants sont partis en famille sur les pistes de l’Île continent.

Leur objectif par leur travail de réalisateur et de reporter, est de mettre en lumière l’action de douze missions, ONG, associations qui œuvrent pour la reconstruction de Madagascar, la restauration de son environnement et le mieux-être de populations éprouvées ou laissées pour compte.

  Madagascar, l'aventure du Grand Sud

 

 
 

Bien que le lit de la Linta soit très ensablé, le 4 X 4 patine un peu mais passe et c’est surtout la bonne direction à prendre qui pose problème au chauffeur tant les pistes se croisent et s’entremêlent.

 
 
Madagascar, l'aventure du Grand Sud  

Fin d’après-midi ordinaire au point d’eau proche d’Androka où le ballet quotidien des charrettes à zébus chargées de bidons est incessant.

Dans un véritable décor de western, mais sous le tropique du Capricorne dans le Grand Sud malgache, ce joue quotidiennement l’approvisionnement en eau.

Autour d’une éolienne mythique passablement endommagée, les riverains puissent le liquide à l’aide de sceaux attachés à des cordes assemblées et rafistolées entre elles dans un puits de 60 m de profond !

 
 

Ici, la question de l'eau reste cruciale...  « Le pays des épines » disent les uns ; « le pays où l'eau se cache » ajoutent les autres : voilà ce qu'est l'Androy aux yeux de ses hommes.

 
 

Terre oubliée du sud malgache, coincée entre océan, tropique du Capricorne, fleuves Menarandra et Mandrare, l'Androy voit chaque année ses mares et ses rivières s'assécher pour neuf mois consécutifs.

Le reste du temps, c'est une timide saison des pluies tout juste suffisante pour alimenter pendant quelques semaines les lits craquelés des cours d'eau, et rendre un peu moins praticables les rares pistes de ce bout du monde.

Sur la piste de sable qui mène à Itampolo, des charrettes à zébus paraissant venir d'un autre temps reviennent du marché au village voisin, un lieu d'échanges et de rencontres entre les populations avoisinantes.

  Madagascar, l'aventure du Grand Sud

 

 
     

Pistes diverses - Itampolo à Ambola

 

Itampolo n'est pas facile à rejoindre, mais au bout du voyage on n’est pas déçu. Le paysage y est somptueux avec ses dunes de sable blanc sculptées par le vent et paraissant immaculées, avec pour toute forme de trace humaine quelques pirogues de pêcheurs disséminées ici ou là.

 
 
Madagascar, l'aventure du Grand Sud  

La plage de la Baie de Salapaly est tout simplement paradisiaque ! Du sable fin à perte de vue, des cocotiers et des eaux cristallines, et il n’est pas rare d’y apercevoir des baleines en saison (de juillet à mi-septembre).

Itampolo est un grand village avec les pêcheurs Vezo côté mer et agriculteurs-éleveurs Mahafaly côté terre. Un petit village au bord du lagon, au sud-ouest de Madagascar,   qui, sans tourner le dos à l'immensité du bush, garde ses yeux rivés sur une magnifique baie aux eaux turquoise et transparentes.

 
 

 

 
 

Faites un tour au marché de la ville, observez la vie quotidienne des habitants, et dégustez la spécialité locale : la langouste fraîchement pêchée.

Dépaysement garanti !

Sariaka et Angelica profitent des vacances scolaires dans leur village, en septembre elles devront aller à Tuléar, à deux jours de piste, pour faire leur rentrée en seconde car il n’y a pas de lycée dans les environs. Malgré tout, une chance à saisir quand Madagascar enregistre une baisse des enfants scolarisés.

  Madagascar, l'aventure du Grand Sud

 

 
   
 
Madagascar, l'aventure du Grand Sud  

Au bord de la piste, un des tombeaux les plus prestigieux et un des plus chères.

Les grands tombeaux carrelés ou peints contrastent avec les modestes cases de bois des pêcheurs. En effet, à Madagascar, les ancêtres doivent disposer de demeures respectables, solides et majestueuses.

L’art funéraire Mahafaly est caractérisé par l’érection de nombreux « aloalo » sur les tombeaux. Ces poteaux de bois sculptés de motifs géométriques représentent le quotidien d'un défunt, reflètent toute une scène de vie et peuvent même être surmontés d'objets (un camion s'il est chauffeur, un vélo, etc....).

 
 

Le nombre d’« aloalo » symbolise l'honneur du défunt, sa richesse, son succès ou un statut social élevé.

 
 

Bien située le long de la piste, Joséphine monnaie la photo de sa jolie maison qui attire l'œil au milieu de ce no man's land. Argent qu'elle réinvestira dans la déco pour attirer d'autres touristes...

Toujours en chemin, un petit marché de brousse, qu'il est préférable de visiter le matin, l'après-midi les produits locaux commençant à faire leur effet, l'ambiance est plus rude.

  Madagascar, l'aventure du Grand Sud

 

 
     

Ambola

 

 

 
 
Madagascar, l'aventure du Grand Sud  

Posé sur une plage sauvage, proche d’Ambola, un petit village de pêcheurs bordés par la mer, Le Vahombe, est une des meilleures bases pour qui souhaite jouer les Robinson sur une plage de rêve et visiter le parc national de Tsimanampetsotsa.

Bien sûr le confort laisse à désirer, rustique comme on dit dans les magazines qui ont de la tenue… mais tout est relatif… ici on est au bout du monde ! et quel bonheur de rencontrer des gens qui ont la patience de vous attendre, alors que jamais personne ne vient.

La plage de sable blanc à perte de vue, la mer d’un vert émeraude, les couchers de soleil simplement sublime et l’assurance de ne pas croiser son voisin !

 
     
 

La pêche sur les platiers (coquillages, concombres de mer, …) est en général pratiquée par les femmes et les enfants.

D’origine Sakalava « ceux des grandes vallées », en référence aux vastes régions qu’ils occupent, les Vezo, occupent la côte environnante de Tuléar (Ttoliara).

Réputés comme pêcheurs et riziculteurs, ils sont également connus grâce à leurs larges pirogues qu'ils utilisent pour les expéditions en haute mer. Les techniques de pêche ainsi que leur matériel sont restés traditionnels.

  Madagascar, l'aventure du Grand Sud

 

 
 

 
 
Madagascar, l'aventure du Grand Sud  

Le harpon, la pique et le filet sont les principaux instruments qu’ils utilisent même si ce dernier en nylon a remplacé celui composé de fibres de baobab lesté de coquillages.

Les pirogues de la région sont restées très traditionnelles. Creusées dans un tronc d’arbre de type balsa (farafata) elles sont ensuite surélevées et équipées d’un balancier à tribord et d’un gréement à voile carré qui sert également d’abris pour la nuit lors des déplacements à la poursuite du poisson.. Le bas de la coque est goudronné pour assurer l’étanchéité et le haut peint de couleurs vives.

La pirogue est la fierté de son propriétaire qui l’entretien avec amour.

 
     

Parc National de Tsimanampetsotsa  

     
 

Le parc national de Tsimanampetsotsa  dispose d'une superficie de 43 200 ha autour du seul lac salé du pays.

 
 
Madagascar, l'aventure du Grand Sud  

Cette aire protégée est constituée d'une forêt littorale, d'un plateau calcaire, d'un lac sablonneux et de plusieurs grottes dont certaines sont accessibles.

Le lac salé sert de refuge à de nombreux flamants roses, oiseau endémique aux ailes roses, qui sont relativement facile à observer puisqu’ils vivent toute l'année dans le parc qui abrite également 112 espèces d'oiseaux dont 5 espèces de coua sur les neuf existantes, 42 espèces d'herpétofanne dont 39 reptiles, 3 espèces de lémuriens dont 2 diurnes et 2 nocturnes.

Des perroquets, des tortues ...

 
 

 

 
 

Des effondrements calcaires permettent d'accéder facilement au réseau d'eau souterrain. Ces grottes accueillent des poissons dit aveugles, qui en réalité n'ont pas d'yeux, les ayant perdus par faute d'avoir à les utiliser, au cours de l'évolution. Une autre grotte est le refuge d'un banian, arbre spectaculaire générant une ombre bienfaitrice.

Un point de vue plus élevé offre un paysage spectaculaire sur une bonne partie du lac.

Le parcours « botanique » permet de découvrir la flore endémique de la région, notamment de nombreuses plantes et leurs vertus médicinales, les baobabs dont certains spectaculaires ... 185 espèces végétales poussent à Tsimanampetsotsa !

  Madagascar, l'aventure du Grand Sud

 

 
 

 
 
Madagascar, l'aventure du Grand Sud  

Le parc se trouve autour du lac salé de Tsimanampetsotsa, une étendue d'eau saumâtre de 20 km de long et 3 km de large et peu profonde (au maximum 2 mètres).

C'est le seul lac renfermant du sulfate de chaux à Madagascar, c'est la raison pour laquelle aucun poisson n'y vit. Il change de couleur aux grés du temps, de l’heure de la journée, des saisons, de la luminosité…

En saison sèche, le lac est peuplé de flamants roses « phoenicopterus ruber », des flamants nains et grèbes.

 
 

Les flamants migrent vers les côtes Africaines en été mais certains ont maintenant pris l’habitude de rester sur place toute l’année. Un lieu unique !

 
     

Pistes diverses - Ambola à Anakoa  

 

 

 
 
Madagascar, l'aventure du Grand Sud  

Une escale préservée au cœur du pays Vezo, l’immense plage de sable blanc du village de Beheloka qui entoure un lagon aux eaux turquoise.

Protégé des circuits touristiques traditionnels, le village Vezo de Beheloka est resté authentique et accessible. Flâner dans ses ruelles de sable où le temps semble suspendu et observer les habitants vaquer à leurs tâches quotidiennes au rythme de la vie, échanger les voa-voa (nouvelles).

Il faut prendre le temps d'acheter une bricole dans une des micros épiceries locale dont l'irrégularité des approvisionnement fait tout le charme.

 
 

Observer le menuisier ou le coiffeur toujours fier de faire découvrir son travail, et surtout admirer la construction et la réparation des pirogues, le long de la longue bande de sable qui sert de port au sud du village.

 
 

Tinah et Salomé ne sortent jamais sans « ce masque de beauté qui protège la peau du soleil le jour pour la rendre plus belle la nuit ».

Jour de marché et période d’élection municipale, alors une réunion politique se tient au pied d’un arbre où seuls les hommes sont conviés dans le premier cercle, les femmes un peu à l’écart semblent observer comme on assiste à un spectacle.

Le premier adjoint essaiera de me soutirer de l’argent pour financer la campagne du maire sous prétexte que je faisais des photos… peine perdu… il s’en repart pas très content !

  Madagascar, l'aventure du Grand Sud

 

 
     

Anakoa  

 

 

 
 
Madagascar, l'aventure du Grand Sud  

La piste se termine pour moi à Anakao, village situé quasiment au point de passage du tropique du Capricorne, dans deux jours je rejoindrai Tuléar par la mer en vedette hors-bord avec embarquement/débarquement les pieds dans l’eau.

Anakao est un village Vezo, devenu station balnéaire depuis une vingtaine d'année.

Étant une escale des piroguiers durant les campagnes de pêche, Anakao est né de la sédentarisation des pêcheurs Vezo autrefois nomades. C'est aussi une étape classique d'un début ou d'une fin d'exploration du sud-ouest de Madagascar.

 
 

Malgré le peu de touriste, les habitants vivotent en vendant de l’artisanat plus ou moins authentique, et gardent le sourire.

 
 

La baie d'Anakao a vu au fil du temps l'arrivée et la construction d’une dizaine d'hôtels. Certaines activités s'y sont développées comme la plongée sous-marine, le kitesurf, la pêche ...

En face la petite l'île de Nosy Ve, sanctuaire du phaéton à queue rouge plus connu sous le nom de paille en queue. Ces oiseaux marins viennent de toute la région pour y pondre leurs œufs.

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Tuléar 

 

 

 
 
Madagascar, l'aventure du Grand Sud  

L’arrivée à Tuléar par la mer, avec débarquement les pieds dans l’eau pour les passagers et en charrettes à zébus pour les bagages,  marque la fin de la piste et de l’aventure du Grand Sud.

Balayée par un vent chaud et sec, écrasée sous le soleil, Tuléar, ou Toliara en Malgache, est la capitale du sud-ouest de Madagascar.

Flirtant avec le tropique du Capricorne et flairant bon l'Afrique toute proche, cette ville côtière, où se croisent diverses ethnies venues chercher du travail en ville, est une cité dynamique, bruyante et poussiéreuse.

 
 

Apothéose à la gare routière où tout semble grouiller autour des véhicules. Dans un tumulte incroyable, une population bigarrée palabre, crie autour des taxis, où on charge des paquets invraisemblables sur les toits, même des animaux, retenus par des cordes et des ficelles.

 
 

Des dizaines de  vendeurs en haillons font un tabac avec des plateaux chargés de pattes et d’ailes de poulet grillés dégoulinants de graisse et des petits gâteaux gluants attrape mouche… Ambiance !

Même si elle offre un intérêt limité pour le visiteur, son architecture n’a rien d’exceptionnelle et ses « plages » le long du boulevard Lyautey s’apparentent d’avantage à des mangroves et à des étendues de vase qu'à des plages paradisiaques.

Elle représente le bout de l’aventure, la satisfaction d’avoir relevé le défi du Grand Sud.

  Madagascar, l'aventure du Grand Sud

 

 
 

Mais c'est surtout quand la nuit tombe que Tuléar prend sa véritable dimension, la promenade côtière se couvre de monde et les musiques sortent en force des bars et discothèques.

Et puis sans s’en apercevoir, on finit la soirée accroché à son rhum mélangé, en compagnie d’Alain, une figure locale et un pionnier du tourisme dans le sud de Madagascar.

 
     

RN7 - Tulear à Ambalavao

 

 

 
 
Madagascar, l'aventure du Grand Sud  

Peu après Tuléar, en remontant sur la capitale par la RN7, des producteurs de « toka gasy », du rhum local, sont fiers et contents de montrer leur processus de fabrication et invitent volontiers à la dégustation de leur production, sachant pertinemment qu’ils ont peu de change de vendre de ce tord boyaux, qui soutiendrait la comparaison avec de l’alcool à brûler, à un étranger.

Du rhum que l’on offre en libations, quelques gouttes seulement, sur le tombeau des ancêtres, avant de laisser le reste aux descendants.

 
     
 

Le retour au point de départ de ce voyage par la mythique Nationale 7, un des itinéraires les plus praticables de la Grande île, offre l'assurance d'une grande diversité de paysages et de rencontres avec la population qui jalonnent la route. Une manière de retarder la fin du périple.

D’Ilakaka, qui s’est transformée en une ville digne du far-west, victime de la fièvre du saphir. En passant par l’immense massif de grès érodé datant du jurassique du Parc national de l’Isalo où les panoramas immenses sont absolument splendides.

La N7 se fraie un passage à travers un paysage, sec et désertique typique du sud, le grand plateau d’Ihorombe.

  Madagascar, l'aventure du Grand Sud

 

 
 

Les panoramas sont tous plus grandioses les uns que les autres, il ne s'agit pas seulement des couleurs et des reliefs immenses mais du silence absolu et général qui enveloppe tout l'ensemble.

 
     

RN7 - Ambalavao à Antsirabe

 

 

 
 
Madagascar, l'aventure du Grand Sud  

Frontière entre les Hautes Terres et le Sud, Ambalavao se niche au fond d’une vallée entourée de montagnes granitiques et surplombée par le massif de l’Andringitra et le pic Boby, le deuxième sommet de Madagascar avec 2 876 mètres.

Ambalavao est située aux confins des Hautes Terres et du pays Betsileo et est reconnue pour ses très belles maisons à varangue avec des balustrades de bois formées de motifs géométriques.

 
 

 

 
 

Nous voici au centre du pays, où les habitants façonnent les flancs des collines pour travailler des rizières en terrasse.

C’est sur les hautes terres et surtout dans la région Betsileo de Fianarantsoa que se trouvent les plus belles rizières en terrasses, à flanc de collines.

Les rizicultures occupent près de 45 % des surfaces cultivées de l’ensemble du pays, apportant deux à trois récoltes par an, selon les différentes variétés de riz, fort nombreuses à Madagascar.

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Madagascar, l'aventure du Grand Sud  

Le riz joue un rôle primordial dans l’alimentation et la culture, un malgache mange en moyenne du riz trois fois par jour. C’est l’aliment de base, voire l’aliment unique de tout un peuple et les quantités nécessaires sont considérables : 200 kg par habitant et par an en moyenne.

L’arrivée du riz sur l’île correspond à celle des populations d’Asie du Sud-Est à partir du Xe siècle. Les rizières appartiennent au paysage de ce pays dont la population est à 80 % rurale. Les techniques de culture restent ancestrales comme celle du piétinement du sol de la rizière par un troupeau de zébus pour l’ameublir avant le repiquage.

Les Betsileo, troisième groupe ethnique par son importance numérique, se sont établi sur les hautes terres après avoir gagné la côte est.

Leur provenance d’Indonésie fait peu de doute.

Les ancêtres des Betsileo arrivèrent des côtes Sud-Est de Madagascar et occupèrent le Sud des Hautes Terres malgaches. Dans la culture locale subsistent des traces d’origines arabes et indonésiennes.

Ce sont avant tout, d’excellents riziculteurs. Ils ont développé la riziculture en terrasse, à flanc de colline grâce à des systèmes ingénieux d’irrigation.

 
     
 
 
     
 

Dans les rues de Fianarantsoa la campagne électorale pour la mairie bat son plein :

Un ancien président de la République malgache, Andry Rajoelina, non élu et nommé sous le régime de la Transition suite à un coup d’état, parade à l’arrière d’un 4X4 entouré de ses partisans (Mapar) en orange.

Et ceux du « Hery vaovao ho an’i Madagasikara » (HVM), le parti du président en place, Hery Rajaonarimampianina, en bleu et blanc, défilent à grand bruit pour ce qui ressemble plus pour mes yeux d’occidentaux à une grande kermesse qu’à une campagne électorale.

Le tout sous le regard incrédule, ou bien amusé voire indifférent de la population.

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Grace à l'instinct de survie, la débrouillardise et la bonne humeur des Malgaches, on oublie vite que le pays vit dans l'instabilité politique et que la corruption a connu un bond phénoménal au cours des dernières années.

 
 
Madagascar, l'aventure du Grand Sud  

Aujourd’hui certains paysans préfèrent fabriquer des briques ou des tuiles, qui offrent une source de revenu rapide, plutôt que d’entretenir les rizières, qui imposent des mois de patient labeur et dont le rendement est aléatoire. Souvent les enfants participent au travail.

Les briqueteries artisanales exploitent les couches superficielles d’argile des rizières pour fabriquer des briques crues ou cuites.

Cela a pour conséquence de réduire les rendements des rizières, voire de stériliser à jamais des terres fertiles.

 
   
 

Les massifs volcaniques composent l’essentiel des massifs montagneux et dessinent l’épine dorsale des Hautes Terres au centre, en s’étirant sur un chapelet de sommets et de vallées.

Les paysages de cette région sont ponctués de villages d’argile qui émergent de la rizière, bois d’eucalyptus, fours à brique, charrettes à zébus, tombeaux de pierre. Les villages typiques sont aussi l’occasion de rencontrer des artisans de la forge, de la fonderie, du bois et surtout de la débrouille.

Ces Hautes Terres du Centre ont été modelées par la culture du riz rythmée par les saisons des récoltes et la vie quotidienne des paysans Merina et Betsiléo.

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Les espaces infinis de cette région aux formes amples et déroulées se jouent des variations d’altitude entre 1000 et 1500 m.

 
     

Akamasoa / Père Pedro Opeka

 

 

 
 
Madagascar, l'aventure du Grand Sud  

Je ne voulais pas terminer ce voyage sans rencontrer le Père Pedro Opeka, dont l'action à Madagascar pour sauver les pauvres a fait le tour du monde, et visiter le premier village « Akamasoa » construit il y a 26 ans sur les hauteurs d’Antananarivo.

Ce prêtre argentin, d’origine slovène, lazariste de Saint Vincent de Paul, est missionnaire à Madagascar depuis 1970 et c’est en 1989 qu’il va à la rencontre des familles et des enfants qui vivent dans la décharge d’Antananarive et leur promet : « Ensemble, on va s’en sortir ! ». C’est ainsi que sans argent, avec la foi en Dieu et un travail acharné que le Père Pedro et les exclus mettent en œuvre l’association d’« Akamasoa », les bons amis en malgache.

 
 

 

 
 

Aujourd’hui Akamasoa à 26 ans d'existence, et c’est 18 villages construits entièrement par les bénéficiaires, qui rassemblent 20 000 personnes : une véritable société où chacun devient une personne respectée et apprend à être responsable de son avenir.

Le Père Pedro a sorti des milliers d'enfants des décharges d'ordures de Tananarive et a pu grâce à son combat incessant et l'aide de milliers de personnes de par le monde, leur donner une dignité humaine. Si Dieu fait des miracles, c’est bien à Madagascar !

Alors quand j’arrive à Akamasoa sur les hauteurs de Tana, je n’étais pas vraiment préparé à ce choc culturel.

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Madagascar, l'aventure du Grand Sud  

Un dimanche comme les autres, une messe célébrée par le père Pedro, peut-être 3000 personnes, des fidèles, des curieux, des touristes !… Disons plutôt une grand-messe à la fois religieuse, festive, haute en couleurs et pleine d'espérance dans la vie et les hommes où les yeux brillent et les fidèles chantent pour faire monter leurs voix au plus haut vers le Ciel...

Une messe où le Père Pedro interpelle les personnalités politiques chargés de relever le défit de la pauvreté à Madagascar, sermonne un représentant du consulat de France qui donne les visas au compte goutte ou annonce les résultats du BEPC…

Je ne suis pas sûr de croire en un quelconque Dieu mais je crois au Père Pedro !

 
   

   
 

Voilà, le voyage photographique touche à sa fin !

Pour mon deuxième grand voyage à Madagascar, il y a eu beaucoup d’images indélébiles, de nature et surtout de portraits. Le côté aventure du voyage m’a permis de partager des moments forts avec les habitants. J’ai (re)découvert un peuple chaleureux, accueillant, paisible, toujours souriant malgré les difficultés de la vie quotidienne, qui sont nombreuses étant donné la grande pauvreté du pays…

Cela fait mal au cœur de voir un si beau pays, avec autant de ressources, ravagé par la corruption.

J’ai volontairement choisi de transmettre une image positive, chercher la beauté même dans la misère la plus noire. Malgré leurs difficultés, les malgaches ne perdent jamais leur sourire et leur joie de vivre, et j’admire cette ténacité ! C’est comme cela que j’ai ressenti les habitants de l’île.

« Ry vahoaka malagasy, hamafisiko indray fa tiako ianareo ! ».

 
     

   
 
     
 
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